Il était une fois Roux un renard plutôt docile, affectueux, bon élève et bon coeur qui vivait dans une roulotte avec plein d’autres renards. En Renardie, -le pays des renards- on est rusé, farceur et on aime le grand divertissement. Ici on recrute les meilleurs animateurs, vêtus de polos rouges passion, les renards sont chargés des évènements mariage, séminaire et leur mission et de répandre la joie et la fête sept jours sur sept. Cependant parfois comme un petit vague à l’âme vient se nicher au creux du plexus de Roux. En dehors de prendre soin des gens en grandes vacances, peut-être y’a t’-il un autre destin pour moi ? Voilà une décennie que je suis un amuseur de galerie … Au fond il en est persuadé, il est devenu un peu à l’étroit dans cette tanière mobile à danser et transpirer en boucle.
Un soir un peu plus tonitruant que les autres, la fête bat son plein entre Boom Boom, Cotillons & Macarena il a un déclic … « Autre chose t’attend lui murmurent ses artères » dans un battement de coeur retentissant.
En balayant le reste de poussière à paillettes ce soir là, Roux tombe sur un timbre poste… comme lui il sent qu’il a besoin de voyage… il l’utilise pour envoyer une jolie carte à son amie Parme la Louve. Elle est toujours fidèle et de très bons conseils.
Et le voilà parti museau au vent, à rêver d’un nouveau chemin !
Parme ne tarde pas à répondre présente, elle vient même jusqu’à lui quand à la lecture de sa carte elle découvre son message : « il est temps de rallumer ma flamme j’ai envie de savoir qui je suis quand je ne danse plus jusqu’à avoir des fourmis et le tournis. »
Ils ont toujours un plaisir immense à se retrouver dans leurs aventures passionnées. Il s’agit de Parme la louve des Bois, sa rassurante amie sage et avide de connaissances. Tentée par l’expédition de Roux la louve se met en chemin à ses côtés !
« Viens on part, en sac à dos dans un nouveau monde imaginaire qu’on va tricoter ensemble et dont on ne sait rien ! Ils ont une longue conversation créative d’été indien, elle sort un crayon, ils se mettent à faire des plans, des envies mises à plats en croquis et dessins, et un début de chemin tracés à l’ombre d’une glycine… »
C’est là qu’est né son premier hoquet créatif professionnel, dans l’âme de Roux quelque chose s’est colorié en rose ce jour-là.
Après deux semaines de conversations enchantées Parme avoua à son ami « Je crois que nos routes se séparent ici » d’un ton calme et assuré. J’ai bien réfléchi et ceci n’est pas mon projet. Je pars pour la Ville, mon chemin à arpenter, aujourd’hui c’est celui des fleurs.
Content pour elle et quelque peu envieux, Roux espère se passionner autant que Parme pour ce qu’il veut créer…Et c’est ainsi que Parme devint fleuriste, rattrapée par sa douce poésie et son besoin d’essentialisme.
Pour la première fois de sa vie, Roux décide de faire cavalier seul, lui qui a si souvent marcher par 2 et après tout pourquoi pas se faire confiance ?
Museau au vent, le coeur avide de curiosité …il rencontre en chemin dans un port, un Corbeau du nom étrange de Carmin. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il a le sens de la tournure et de la parade. Cette rencontre est fortuite mais flatteuse. Carmin invite Roux dans son salon, et lui promet un poste merveilleux, une collaboration fructueuse pour tous les deux, l’occasion pour Renard de découvrir davantage les us et coutumes du monde du commerce. Roux est appliqué, son gros coeur à l’ouvrage pour tout ce qu’il fait. Carmin lui rappelle qu’en le prenant sous son aile, il va faire de lui un Renard plus vaillant et ambitieux.
La première semaine Renard est joyeux : les rendez-vous sont nombreux
La seconde renard est nuageux : les clients lui raccrochent parfois au museau mais il reste studieux. La troisième il s’accroche au branche d’une tempête naissante mais la quatrième l’orage gronda et la tempête éclata…
Après quelques semaines Carmin laisse apparaitre son vrai visage de soleil brûlant, de mielleux à furieux. Intransigeant, oppressant, l’impitoyable corbeau inventent des symptômes imaginaires à Renard pour le pousser au bord du précipice de sa fragilité intérieure. Carmin utilise des mots comme dépression, folie, manipulation, un champ lexical qui n’appartient pas du tout à Roux lui qui préfère les mots scène, amour, rassemblement et imaginarium. D’ailleurs il ne comprend pas tout tant ce mauvais film semble se dérouler sous ses yeux sans qu’il en soit l’acteur principal.
Le coeur de Roux se gonfle alors d’une rage si comprimée qu’elle se transforme en flaque diluvienne. C’est la descente aux enfers, il a pourtant cru faire de son mieux, visiblement là n’est pas sa place auprès de ce corbeau irrévérencieux. Tout ça la quelque peu épuisé, le coeur à vif et écorché
-Quelle dure leçon pour un renard émotif ! se dit-il
Museau au vent, mais la mine un peu défaite, il reprend sa route et son courage comme boussole. Nul besoin d’aller très loin, il s’arrête oh surprise face à la devanture d’un lion herboriste qui semble ouvrir sa boutique le jour même. Le parfum de la peinture encore fraîche lui envahit le museau, et pourtant son coeur tout mou encore saignant lui souffle d’ouvrir la porte…
Dans une raie de lumière jaillissante, Roux comprend alors qu’ici se trame une expérience gracieuse qui pourrait bien l’aider à trouver sa passion. Bonjour ! l’accueille chaleureusement Kaki le lion.
Celui-ci se montre protecteur, généreux, un vrai maître d’apprentissage pour Renard apprenti sorcier. Ici on parle de gymnastique de l’esprit, on mange du vert, l’eau est purifiée, et les assouplissements pour le corps et l’âme nombreux. C’est d’ailleurs dans ce microcosme que Roux se questionne profondément sur ses pratiques, sa consommation, et ses relations au monde. Une recette séduit particulièrement notre gourmand héros. : des boules d’énergies rassasiantes qui rendent heureux et nourrissent à la fois. Je crois qu’il y a de la coco dedans, du citron vert ou des noix… ou peut-être les trois… un jour un héron était venu sur place déguster les plats végétariens du lion, c’était un producteur local de citrons. On se rappelle toujours du goût du citron. Roux se rappelle bien de Blue, cet héron élancé, bavard et très charismatique. Elégant bipède ailé enthousiaste et reconnaissant pour ce repas, Blue offre un citron vert en retour et parle à Kaki de l’île aux citrons où il vit depuis la fin de saison.
Roux choisi de rester auprès de son inspirateur à la longue crinière, pendant cinq cent jours, il est si influent et expert…si bien que parfois les visiteurs lui demandent s’il est lui même professeur en plantes, en joie ou en yoga . D’élève à maitre il y a quand même tout plein de petits pas ! Roux sait que le chemin est long, et il s’emploie à la méthode « kaizen », pour continuer sa route avec vertu et humilité.
C’est alors qu’un jour étrange arriva, un phénomène climatique inattendu, le printemps a décidé d’hiberner. Tous les animaux ont été conviés à rejoindre leur tanière à l’orée de la saison des roses trémières. Le lion dévora de colère une partie de ses livres de recettes tant la frustration de voir sa boutique fermée fut immense. Dans sa rage il manqua de croquer une jambe de renard peut-être -encore ?- trop tendre.
Roux pris peur de ses instincts : un lion finalement reste un carnivore, peut-être est ce venu le temps pour moi de rejoindre ma roulotte ? Non pas vraiment… je crois plutôt marcher longuement jusqu’à cette île aux citrons. Je n’ai plus les ingrédients des boules de joie et d’énergie dont j’aimais tant me délecter, peut-être qu’en retrouvant Héron, lui saura m’aider ?
Va là, gaiment, Museau au vent où le coeur se met en joie naturellement.
Il se met en chemin, à nouveau, l’âme allumée, pleine d’espoir pour demain ! A coeur vibrant, Roux croit aux lendemains qui chantent et qui sait peut-être que chez mon ailé ami je pourrais trouver logis et congés et m’y attarder ? pense-t-il tout bas.
En découvrant le lieu magique dans lequel s’ébroue Blue le Héron, Roux eu un coup de foudre dans ses artères . Tout étincelait, il goûta même une figue de Barbarie, se promena au large de l’océan, respirant l’iode et se délectant de sauge délicatement préparée par son volatil préféré. Oh est-ce donc un breuvage qui pourrait me faire tomber en amour ? Pour moi-même, pour l’univers et peut-être pour toi Blue ?
– Cultivateur d’humains, j’apprends aux hommes la connaissance d’eux même et de leur jardin. Celui-ci lui rend une esquisse de sourire dans un silence d’or pour réponse.
-Si je reste ici quelques temps, apprends moi les rudiments pour devenir permacult’« coeur » et jardiner les plantes comme les gens… !
-Il faut aimer les histoires, être patient et plein d’amour, observer puis interragir !
– Je veux tout apprendre ! s’esclaffe Roux !
Il rappela d’ailleurs son amie Parme qui pouvait ô combien comprendre ce chemin de sagesse arpenté par son compère de toujours. Elle le félicite chaudement « Bravo pour ces virages arpentés Roux, te voilà si grandi par cette aventure ! »
Ici Roux peut se nourrir de boule de joie et d’énergies mais aussi de mère Nature sans fioriture.
Epilogue
Roux et Blue se sont bien trouvés dans le jeu, la joie et la complémentarité ! Roux est aujourd’hui installé non loin de son ancienne vie à roulotte mais il peut la contempler comme un chapitre de sa jeunesse avec nostalgie sans pleurer ! Il a tout simplement trouvé où s’épanouir grâce à son bel échassier alter ego.
Roux reçu un an plus tard un courrier plein de promesses rempli d’un coeur festif et amoureux lui aussi. Il s’agissait de Rose un Perroquet Confettis, ayant décoré une bâtisse centenaire et cherchant des amuseurs aux coeurs purs pour animer dedans.
-Animer, donner vie, je ne sais faire que cela songe Roux ! Répandre la joie était un acquis, la connaissance de soi et des autres en cours de téléchargement, il commença par répondre à cet appel si familier et extraordinaire à la fois ! Il finit aussi par emmener Blue avec lui et ensemble ils partagèrent leurs enseignements avec simplicité et leur univers de joyeux bonbons bazar d’amour.
« Je n’ai jamais été aussi heureux que le jour où j’ai fait danser mes congénères, je les ai aidé à tisser des liens uniques entre eux c’est un peu une fête foraine mais pour les grands »
Tous les adultes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre eux s’en souviennent…
Il réalisa que dans sa vie de renard il aimait faire des barbes à papa à la chaine qui donnent le sourire aux enfants qui l’entourent et qu’il ne s’est jamais autant amusé que dans cette Villa/Vie là sur le macadam fleuri de Rose.
à Marie-Capucine, Xavier, & Sarah 🙂
@ Marion, AKA Louvie paillettes qui m’a aidée à mettre en forme ce joli projet de raconter mon histoire d’entreprise en conte.
NB : si cette histoire te plaît et que tu es illustrateur/ graphiste, tu peux m’écrire sur
hello-moodboard@orange.fr pour réaliser la suite du projet en quelques vignettes/ images oniriques ! Bisous ! Céline
0 commentaires